Géographie de la sieste

«Nous sommes en 2017. Tous les pays du monde ont adopté la micro-sieste en entreprise… Tous ? Non ! Un pays où celle-ci garde une image négative résiste encore et toujours à ses bénéfices, et la vie n’est pas facile pour les salariés français et leurs employeurs, auquel on refuse plus de bien-être et de productivité… » A défaut d’être le début prometteur d’une célèbre bande dessinée, ces quelques lignes soulignent toutefois l’exception française en termes de « power nap ». Pourtant, de nombreux pays l’ont adoptée : voici donc un petit tour du globe terrestre des pratiques de la micro-sieste.

A la recherche du temps perdu

En Chine, le repos est inscrit dans la Constitution et, de fait, les travailleurs chinois ne se privent pas d’y recourir sur leur lieu de travail. Alors que la France associe cette pratique à de la fainéantise et du « temps perdu », il s’agit en fait de permettre aux salariés de « recharger leurs batteries » pour être ensuite plus efficace… et donc de gagner du temps ! Une logique qui est aussi celle du Japon, où le « power nap » est encouragé par les managers, selon un calcul simple : la performance au travail ne se mesure pas par le nombre d’heures passées au bureau, mais plutôt par la qualité de ce qu’on y fait. La qualité prime sur la quantité, et la micro-sieste prime sur l’acharnement improductif.

L’Europe en retard

En Europe, on observe plutôt le contraire : la sieste est une pratique peu courante et même menacée dans les pays où elle est traditionnellement installée. Début 2016, l’annonce d’une possible fin de la « siesta » espagnole par le gouvernement de Mariano Rajoy a fait l’objet d’un débat endiablé, alors même que de moins en moins d’espagnols semblent la pratiquer. L’Italie pourrait aussi être concernée même si, dans les deux cas, il ne s’agit pas du tout de « power nap » : plus longue que les vingt minutes recommandées pour cette dernière, c’est une véritable coupure dans la journée de travail.

En fait, plus que « gérer la fatigue », comme le propose par exemple le système australien, ou faire une pause « radicale », la micro-sieste permet de concilier repos, bien-être, productivité et une forme de compromis… reposante. Elle commence peu à peu à s’installer dans les entreprises américaines ou françaises, et perd de son côté « tabou ».

Alors, une solution : micro-dormons !


Nos Nap références :

http://www.liberation.fr/futurs/2003/05/12/japon-repos-obligatoire_433398

https://www.changerletravail.fr/la-sieste-au-travail

http://www.lefigaro.fr/emploi/2016/04/08/09005-20160408ARTFIG00137-legouvernement-espagnol-s-attaque-a-la-sieste-et-a-l-heure-franco.php

CABON Philippe (2015), « Des approches prescriptives aux systèmes de gestion du risque fatigue », Regards d’ergonomes sur le travail, 17-2

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