Aujourd’hui plus que jamais il est important de se soucier du bien-être des soignants. L’hôpital est un environnement de travail difficile où le personnel est sans cesse sollicité. S’il n’a jamais été facile de travailler dans le secteur de la santé, la pandémie de COVID-19 aura porté le réseau à la limite de ses capacités. Mais également imposé au personnel soignant une charge de travail et une charge mentale sans précédent.
L’épuisement professionnel augmente avec les années
Les causes de la fatigue des équipes sont multiples :
- L’importance de la charge de travail
- Les horaires conséquents dus au manque de personnels soignants
- Le temps consacré aux documents médicaux et administratifs à remplir pour le suivi médical des patients
- La demande des personnes hospitalisées qui ne cessent de croître sans oublier la pénurie de ressources et d’équipements dans les hôpitaux…
La pandémie n’a fait que mettre en évidence le mal-être chronique qui touche tous les systèmes de santé. Une enquête réalisée auprès de 443 médecins et infirmiers de 10 pays menée entre fin 2020 et début 2021 par la Nuance Communications / Healthcare Information Management Systems Association, indique que 98% des soignants déclarent avoir eu des symptômes d’épuisement professionnel. De plus, 62% des infirmiers exerçant en France estiment que la crise sanitaire a renforcé ce sentiment.
Un chiffre d’autant plus important lorsque l’on sait que de tous les pays sondés, la France détient le pourcentage le plus élevé de soignants qui sont épuisés au travail.
Le mal-être des soignants a un impact sur les départs et le recrutement
Ce syndrome n’est pas sans conséquence. Et nul doute qu’il a en partie contribué à la hausse de l’absentéisme identifiée par la FHF (Fédération hospitalière de France). Les chiffres varient en moyenne de 8,5 % à 10 % en 2019 et de 9,5 % à 11,5 % en 2020. L’épuisement professionnel influence le désir de poursuivre une carrière dans le monde de la santé, qui fait déjà face à des recrutements difficiles. Selon l’Ordre National des Infirmiers (octobre 2020), 43% des professionnels embauchés ne savent pas s’ils continueront à exercer leur métier dans 5 ans. Dans le même temps, 93 % des hôpitaux interrogés par la FHF déclarent avoir des problèmes de recrutement.
Aujourd’hui il y a plus de 60.000 postes infirmiers vacants. Le service du personnel interrogé a souligné la fatigue et la volonté accrue de démissionner de leur poste. Cette situation est due aux conditions de travail qui ne font que se détériorer au fil du temps et au fait qu’il n’y ait que très peu de mesures mises en place pour les améliorer.
Quelle méthode pour démarrer une démarche de qualité de vie au travail (QVT) pour les soignants ?
Présenter une politique QVT dans un hôpital n’est pas un enjeu normatif. Elle est développée par chaque institution en fonction de sa culture, de son histoire et de ses acteurs. Comme en témoigne le pôle QVT de PACA, la méthodologie de développement d’une telle approche dans les hôpitaux peut être divisée en quatre phases :
- Action : Concevoir un diagnostic en créant un questionnaire.
- Rassembler : Mobiliser les collaborateurs en mettant en place des groupes de travail sur les priorités (communication interne, contenu du travail, charge de travail, égalité des experts, conduite du changement…).
- Expérimentation : Élaborer un espace de dialogue et d’expérimentation de nouvelles formes d’organisation.
- Définir un plan d’action : Concevoir un plan qui implique d’évaluer les attentes du personnel, de tester des solutions pour leur apporter du bien-être au travail.
Voici quelques conseils pour améliorer la QVT
1. Apprendre à écouter les soignants
Il est important d’être à leur écoute pour comprendre leurs besoins, savoir qu’ils sont entendus et que l’on se soucie de leur bien-être et de leurs attentes au travail…
2. Moderniser le cadre de travail
Le cœur de métier des soignants est avant tout de s’occuper de leurs patients et de veiller à leur bien-être. Pourtant, ils passent la moitié de leur temps à remplir des documents, rechercher les informations, les saisir dans les dossiers de chaque patient. La réduction des durées de séjour et la rotation des malades ont accentué le phénomène. C’est pourquoi la charge de travail est de plus en plus importante pour les agents. Il est donc essentiel de mettre en place des solutions afin de diminuer ces documents administratifs.
3. Repenser l’aménagement des espaces de travail
D’après le guide de la QVT du Resah « L’inadéquation des postes de soins et l’exiguïté des salles de réunion augmentent les chances d’interruption, d’erreurs et alimentent une mauvaise ambiance de travail.” Il est donc appréciable, d’avoir des espaces communs correctement dimensionnés pour les soignants, permettant à toutes les équipes d’échanger et de débriefer dans de bonnes conditions lors des transmissions des consignes.
4. Concevoir des lieux de détente
Créer des salles de récupération pour permettre aux agents de se reposer, de s’accorder un temps de récupération dans leurs journées chargées. Elles apportent une véritable coupure avec le travail, et permettent de se ressourcer dans un lieu calme avant de reprendre son poste en étant détendu et plus productif ! C’est un excellent moyen de favoriser la concentration, la qualité des soins ainsi que la vigilance.
Si avoir une salle de repos dans votre établissement vous tente, nous serions ravis d’échanger avec vous. Aujourd’hui nous sommes déjà installés dans plus de 100 établissements de santé, pourquoi pas vous ?
A l’image des bulles mises en place dans de très nombreuses structures de santé avec la Fondation des hôpitaux de Paris dans le cadre de l’appel à projet « Prenons soin de ceux qui soignent », offrez vous aussi aux soignants une véritable coupure grâce à un espace commun qui les invite à lâcher prise ! Créez un lieu de bien-être mais aussi de soin et de prévention. Dans cet espace vous pouvez aménager plusieurs activités comme par exemple, un espace dédié aux cours collectifs de yoga, de shiatsu ou encore de méditation…
5. Encourager la formation continue et le développement professionnel
Les soignants sont confrontés à des évolutions constantes dans le domaine médical, qu’il s’agisse de nouvelles technologies, de protocoles de soins actualisés, ou de meilleures pratiques en matière de gestion de la relation patient. Offrir des opportunités de formation continue et de développement professionnel permet non seulement d’améliorer leurs compétences, mais aussi de renforcer leur sentiment d’accomplissement et de motivation. Cela peut se traduire par des ateliers, des séminaires, des formations en ligne, ou des journées de formation dédiées, en veillant à ce que ces activités soient bien intégrées dans leur emploi du temps pour ne pas surcharger leur charge de travail existante. Une équipe de soignants bien formée est non seulement plus efficace, mais elle se sent aussi plus valorisée et épanouie dans son travail.
Pour plus d’idées à mettre en place vous pouvez consulter cet article : le top 10 des solutions à mettre en place dans son entreprise en 2022 pour améliorer la QVT.
Si vous souhaitez garder qu’une chose à l’esprit après votre lecture, pour nous ce serait cette phrase que nous avons entendu lors de l’inauguration de la salle de repos à l’Hôpital George Sand de Bourges 2021 :
«Prendre soin des soignants pour qu’ils puissent continuer à prendre soin des gens ».
Sources :
- Enquête réalisée par Nuance Communications / Healthcare Information Management Systems Association
- Ordre National des Infirmiers (octobre 2020)
- FHF (Fédération hospitalière de France)
- Guide de la QVT du Resah
- Fondation des hôpitaux de Paris
- L’Hôpital George Sand de Bourges (2021)
Autrice: Riffaud Juliette